Suivi du projet harcèlement au collège Van Den Meersch du Touquet.
Par un beau jour où le printemps faisait une incursion douce et chaleureuse, nous sommes retournés au Touquet pour suivre le projet « Dans les yeux de l’autre » initié l’année dernière dans les classes de quatrième et de troisième. Vous retrouverez tous les détails dans cet article.
Un des objectifs du ministère est d’inclure tous les établissements dans la lutte contre le harcèlement dès la rentrée prochaine.
Le collège Van den Meersch et toute son équipe est exemplaire à ce sujet.
La vie des élèves en ligne.
Etre collégien ou lycéen implique une multi-identité. Celle de l’élève en classe et celui de l’adolescent de retour chez lui qui poste des contenus sur les réseaux sociaux.
Une ERUN de l’académie de Lyon Monique Ducroux, ERUN, a produit une infographie qui résume les enjeux de la vie virtuelle.
Ce document constitue une base de discussion si vous souhaitez aborder cette thématique dans les classes avec vos élèves par exemple.
On voit très clairement que le champ d’impact d’un simple post sur Internet a des enjeux qui dépassent l’imagination des concernés. A partir de cette carte mentale, il est tout à fait possible de rattacher tout le contenu lié à l’identité dans PIX notamment.
Ce que je suis, ce que je dis, ce que je fais et ce que je poste sont des aspects intriqués que je ne peux ignorer.
Le projet.
L’équipe pédagogique a décidé d’inclure tous les élèves dans le traitement de cette thématique. De toucher un maximum d’élèves dans la recherche du bien-être et de l’aide potentielle que l’on peut apporter aux autres quand ils ont été soit, spectateur ou victime d’une situation de harcèlement.
Tous les niveaux sont ainsi concernés. Dès la classe de sixième, les élèves sont informés en demi-groupes sur cette thématique avec la CPE, Madame Lugez. Le principal, M Fourquier, nous explique en réunion qu’il est plus facile d’échanger quand le nombre d’élèves est réduit, la parole est libérée.
En 5eme, les élèves rencontrent des officiers de la police qui traitent plus spécifiquement du cyber-harcèlement, des conséquences des posts sur les réseaux sociaux et leurs potentielles répercussions. La vue professionnelle d’un des aspects connexes de l’activité des élèves sur ces plateformes leur permet d’appréhender des problèmes qu’ils n’avaient pas envisagés. Ils découvrent à cette occasion que les âges minimums pour se créer un compte sur Facebook par exemple est 13 ans, 16 ans sur whatsapp et 18 ans sur Youtube.
En 4eme l’accent est mis sur l’aspect médical avec des étudiants en médecine qui évoquent les impacts sur le cerveau et le corps du harcèlement.
Enfin, en 3eme, les élèves travaillent sur le projet de réalité virtuelle inter langues en filmant des saynètes qui déclenchent des sentiments d’empathie chez les participants.
Une équipe soudée.
C’est une dynamique interne qui soutient ce projet et qui lui a permis de s’étoffer au fil des mois. Beaucoup d’enseignants et de personnels sont impliqués : de la vie scolaire, aux professeurs de musique, d’arts plastiques, de mathématiques, d’espagnol, d’anglais, à l’infirmière et au documentaliste.
Chacun apporte sa touche et sa personnalité ce qui donne toute son originalité et sa portée à cette initiative.
Après une formation à l’ENT à l’interne animée par Séverine Poc et Gilles Lugez, certains enseignants ont vu le potentiel de communication de certains outils comme les blogs pour interagir avec les élèves. Ils peuvent désormais concerner un plus large public et diffuser des messages de prévention et d’informations sans nécessairement utiliser la messagerie.
Une demi-journée de formation.
Ce vendredi matin, dès 8 heures, un groupe d’elèves est réuni pour travailler ensemble et mettre leurs idées en commun.
Attablés pour un world café ils échangent autour de la thématique en compagnie de certains de leurs parents. Ils étaient dirigés et accompagnés dans leur démarche par une CPE spécialisée dans la prévention du harcèlement ; elle a guidé leurs réflexions autour de projets offrant de la visibilité autour de futures actions. Elle leur conseillait de « voir grand » et d’être ambitieux. Dépasser le cadre du collège, penser aux primaires et au périmètre autour du collège pour toucher un maximum de personnes.
Dans cette capture vidéo et audio vous pourrez suivre une partie de leur travail mais aussi les messages proposés par la CPE autour des actions futures dans l’établissement.
Nous avons été touchés par l’engagement de ces jeunes dont certains, en 6eme, faisaient preuve de beaucoup d’éloquence et utilisaient les termes « empathie » et « gestion des émotions » avec beaucoup de naturel.
Les affiches avec leurs idées ont été précieusement conservées pour une utilisation ultérieure. Beaucoup de ces élèves ont été touchés par le harcèlement et leur attention était soutenue.
Ils ont d’ailleurs participé au concours sur la prévention du harcèlement et ont produit cette affiche.
La deuxième partie concernait plus précisément la capacité d’écoute pour recevoir la parole d’éventuels « spectateurs » ou de victimes. Des trucs pratiques sont partagés.
Il faut adopter « le masque » de l’écoutant, se mettre en posture d’écoute active, tourné vers l’autre pour accueillir sa parole. La personne n’est pas d’une curiosité malsaine, il prend le rôle d’ambassadeur, à l’écoute, pour venir en aide à celui qui se confie. Faire preuve d’empathie sans pour autant prendre en charge les émotions de l’autre. Recevoir sans être affecté, pour se préserver et venir en aide. Un autre mot essentiel, la congruence. Etre soi, dans son rôle et ne prendre la place de personne d’autre. L’ambassadeur ne peut pas apporter de solution miracle mais proposer de l’aide et avoir un regard positif sur celui qui vient le voir. Quand on a peur d’écouter une personne que l’on n’apprécie pas, on peut lui proposer de rencontrer quelqu’un d’autre. Etre en harmonie avec ses choix. Offrir une écoute et un regard positifs. Etre avec l’autre et le respecter par rapport à son système de croyance sans jugement de valeur.
Pour aller plus loin, l’intervenante propose d’écouter un jeune Youtuber, Antoine Pezé sur l’écoute active mais aussi de lire les travaux de Carl Rogers sur l’écoute active.
En conclusion :
Nous avons été frappés par la qualité de l’écoute des élèves, de leurs réparties, de leur engagement. Le projet décliné sur tous les niveaux emporte l’adhésion d’un grand nombre d’élèves. Il est touchant de voir de jeunes élèves de 6e parler de problématiques graves en y apportant des solutions. De nombreuses thématiques et qualités sont mises en avant : le travail collectif, les efforts conjoints, la créativité, le bien-être et l’éloquence.
De l’aveu des enseignants, qui ont participé au concours d’affiche pendant la journée contre le harcèlement, ce n’est pas ce qui les motive le plus. Ce qui les guide, c’est de créer au sein de leur établissement une communauté active, empathique et qui se propose d’aider l’autre sans le juger.
Des petits miracles se passent parfois quand tous les acteurs joignent leur voix et réussissent, en osmose à créer un environnement serein et de confiance auquel la plupart d’entre nous aspire.