Une première, en plein cœur de l’été, découvrir et se former aux potentiels des outils numériques dans un lieu culturel, voilà ce qui a été proposé à une vingtaine d’enseignants volontaires.
Voici le récit d’une journée passée en compagnie d’enseignants du premier et second degré, des équipes du Palais des Beaux Arts qui nous ont permis un accès anticipé et exceptionnel au musée dès 9h30 et bien sûr de membres de l’équipe de la Drane.
La découverte de l’Open Museum sur les jeux vidéos.
Comme à chaque édition, le musée donne carte blanche à des personnalités pour apporter leur marque aux collections du musée.
Jusqu’à septembre prochain, Ankama et Spiders vous proposent leur vision des ponts construits entre deux types d’univers artistiques et graphiques.
Le guide nous a fait découvrir les œuvres du musée revisitées au travers du regard de ces deux artistes. Il mit en parallèle le concept du héros dans le jeu vidéo, son avatar, sa représentation, ses quêtes et ses défis qui trouvent écho par exemple dans la sculpture du cavalier errant d’Emmanuel Frémiet.
Les décors sont aussi particulièrement importants dans les jeux vidéos et permettent aux joueurs de s’immerger dans des univers fantasmés ou réalistes qui reproduisent les codes des époques médiévales en jouant avec les perspectives. Cet abandon de repères qui nous lie à la réalité, nécessaire à l’immersion dans les jeux vidéo ou les romans, se nomme « la suspension consentie de l’incrédulité « .
Ce travail sur la perspective qui crée l’illusion de la profondeur et permet de raconter plusieurs histoires se retrouve dans le chef d’œuvre de Donatello « le festin d’Hérode ». Sur un centimètre d’épaisseur, l’artiste réalise la prouesse de suggérer plusieurs plans.
Au sous-sol, la colorisation numérique des oeuvres d’art du passé font revivre la polychromie des statues.
La mise en scène avec le jeux de lumières rend cette prouesse d’autant plus impressionnante.
Une autre statue, contemporaine celle-là, reprend les thématiques religieuses en travaillant sur la notion de souffrance et d’empathie au travers d’une figure dissimulée qui attire la curiosité des visiteurs. Un chef d’œuvre sculpté d’une pièce dans un bloc de marbre, rappelant la piéta de Michel-Ange à la Basilique Saint Pierre de Rome.
Ce qui est remarquable dans la scénographie proposée au Palais des Beaux Arts, c’est qu’elle vous transporte d’univers en univers en associant des oeuvres que l’on regardait d’un oeil distrait. Le défi relevé par le musée c’est de faire communiquer des univers qui n’avaient, sur le papier, rien en commun. Les outils numériques subliment les oeuvres et poussent les visiteurs à s’engager dans la quête du détail ou de l’histoire inédite.
Cette statue, réalisée en marbre de Carrare est l’oeuvre de John Isaacs et s’intitule « The Architecture of Empathy » Il déclare à propos de cette oeuvre » Ainsi ce morceau de montagne sculptée devient un morceau d’âme qui nous rappelle combien nous aspirons à la poursuite de la vie, et comment on peut la transformer en oeuvre d’art ; l’art est inutile s’il ne sert que lui même, il ne peut transformer la matière en chair; la vie se rêve dans l’ombre et la lumière et nous voyons comment l’art nous révèle la vie, même en le couvrant d’un voile. »
Cette statue ne laisse pas le visiteur indifférent : elle interroge, intrigue et émeut celui qui la contemple.
L’après-midi.
Après la pause déjeuner, les collègues ont été invités à la quête des héros qui les invitaient à retrouver cinq œuvre mystérieuses décrites dans des audio. Munis d’un baladeur et d’une carte, les groupes se sont embarqués dans cette aventure déambulatoire.
Ils devaient découvrir cinq chiffres, compléter un QR code, et le flasher pour retrouver dans quelle pièce nous nous trouvions.
La salle des plans reliefs.
Nous avions choisi cette salle pour son ambiance sombre et intrigante afin de contempler les magnifiques plans reliefs, trophées des conquêtes de Louis XIV.
Représentations en 3D étonnantes, peintes à la main et recouvertes de tissu de soie. La minutie des détails contraste avec la taille de ces œuvres d’art qui sont constituées, comme pour le plan de Lille de 14 tables assemblées. Le guide nous a parlé de visites intimes pendant lesquelles les vitrines des plans reliefs sont ouvertes permettant l’entrée des visiteurs en chaussettes, pour contempler ces merveilles de plus près.
Deux tables interactives viennent compléter le tableau et permettent de zoomer et de s’approcher grâce à la numérisation en 3D. Magiquement, les tables s’illuminent au fil des zones que l’on sélectionne.
Les ateliers.
Le travail sur l’écriture et sur l’oralité a été souligné ainsi que certaines applications qui peuvent leur être utiles dans le cadre de leur travail avec leurs élèves.
Des ateliers découvertes ont été proposés pendant lesquels les outils utilisés ont été présentés. Ils ont pu aussi s’initier à la prise de vue à 360 degrés pour la création d’un musée virtuel qui reproduit à distance les expériences qu’ils avaient vécues.
Les stagiaires avaient pu découvrir les apports du numérique dans l’appréhension des créations artistiques lorsque que l’on peut travailler dans le détail. Quand le travail d’observation et l’analyse sont limitées sur une reproduction, la numérisation des oeuvres dans l’espace Giga Pixels, permet de briser les frontières et de rentrer dans l’intimité des oeuvres, ce qui ouvre de nouvelles pistes de narration et de découvertes.
Un exemple concret. Les stagiaires ont joué aux jeux des différences sur papier réalisé grâce à l’outil http://cleanup.pictures. A l’oeil nu, impossible de voir en détails les suppliciés de la « Chute des damnés » de Dirk Bouts, notamment sur les roues couvertes de piques. Seul un coup d’oeil aux oeuvres numérisées dans Gigapixels vous permettra de découvrir qui s’y trouve.
Fin de la journée.
Ce fut une expérience enrichissante et appréciée des stagiaires qui ont salué la beauté du lieu, qu’ils découvraient et redécouvraient. Notamment les espaces du Moyen-Age et de la Renaissance, inaccessibles lors de leur rénovation.
Nous tenons à remercier le Palais des Beaux-Arts pour leur accueil et en particulier Pascal Favrel notre guide pour la qualité de la visite guidée et Céline Chevalier pour son accueil, son écoute et son accompagnement.
Un grand coup de chapeau à l’équipe de la Drane et de l’EAFC sans lesquelles rien n’aurait été possible.
Les ressources de la journée.
Vous retrouverez ci-dessous les ressources numériques proposées aux enseignants qui se retrouveront peut-être avec des devoirs de vacances s’ils souhaitent tester ces applications pendant l’été.